Martin Brucker

Écrit par sur 11 mai 2023

Martin Brucker: le saint du vintage ! ou il voit la vie en bleu

La mode pour Martin Brucker c’est une longue histoire de famille, ses grands-parents étaient dans le prêt à porter, ses parents ont pris la relève, aujourd’hui ils ont des boutiques à Cogolin et Cavalaire. Pour ce jeune créateur cavalerois de 24 ans, né à Gassin, les vêtements, mais attention pas n’importe lesquels, exclusivement les fringues vintages, sont devenues une passion dévorante pour lui.

Pour l’anecdote, son papa a travaillé pour Kiliwatch, l’une des premières boutiques parisiennes d’habits de seconde main ouverte en 1996. Le virus de la fripe il l’a donc transmis à son fils qui depuis l’adolescence collectionne petit à petit un vestiaire hors du commun.

« En fait, entre 13 et 18 ans j’étais très cinéphile et ma passion m’a poussé jusqu’à retrouver les tenues que je voyais sur les écrans … ».

Après son bac, son destin était tracé direction l’Australie, il est parti au bout du monde pour travailler chez un grossiste de vêtements recyclés et là-bas il a appris toutes les ficelles du métier !

Dans son sous-sol Il est fier de nous montrer des tenues d’enfants hors d’âge mais tellement actuelles comme ce blouson en jean doublé de mouton, des chemises imprimées façon bandes dessinées, des vestes en velours ou encore cette combinaison en jean délavée jusqu’à la trame qui provient d’une prison … Plus loin des piles de jeans impeccablement rangées, on y découvre trois modèles ayant appartenu au chanteur Christophe, ils côtoient un pantalon années 70 complètement psychédélique animé d’un patchwork d’étoiles de Michel Fugain, époque big bazar sans aucun doute !

Ses pièces favorites ? Un blouson en soie noire acheté au Japon en 1975 par son oncle, il était destiné à son frère (donc le papa de martin), pionnier de la customisation, ce dernier l’avait fait entièrement broder d’un aigle dans le dos avec drapeau américain et le nom de l’heureux propriétaire sur la poitrine, bref une pièce unique dont il est très fier. Idem pour le jean 501 Levis big E d’avant 1972 et porté par son papa, il n’a pas de prix …

« C’est un long travail de recherches, de réseaux, de sélections … et le fait de redonner une seconde chance à des vêtements qui ont une vie, qui ont été aimé, c’est encore plus gratifiant. La période Covid a été le déclencheur pour moi, J’ai décidé de créer ma marque et en 2020 je me lançais sous le nom de Saint Martin sur mer, Pourquoi ce nom ? je voulais créer un univers qui me ressemble à travers des tenues, une sorte de ville imaginaire, une communauté où tout le monde serait habillé comme je l’entend … Mais au tout début je vendais exclusivement de la fripe ».

Il commence par faire les marchés, saint Tropez (les mardi et samedi) et le dimanche il s’installe au Jas des Robert à Cogolin. Pour la saison d’été 2022 il ouvre une boutique éphémère, baptisée Port Bleu sur le port de Saint Tropez. Une nouvelle aventure qu’il partage avec deux copains, très créatifs eux aussi. « Bleu mon Jules », des tee-shirts signés Jules Paturle, un pur tropézien qui a plus d’une corde à son arc, il est aussi photographe et organisateur de soirées et propose un concept inédit. Et Tafanelli, une marque corse de tee-shirts et de vestes fabriquées en France avec des voiles de bateau recyclées cela de soi !

C’est surtout au Jas des roberts qu’il s’est fait connaitre et repéré par des initiés et pas des moindres. Quelle surprise pour lui de vendre une blouse en lin à Inès de la Fressange, un bombers en cuir des années 70 à Hedi Slimane, le directeur artistique de Céline. Mais le summum pour lui a été la venue sur son stand d’Alessandro Squarzi, le pape du vintage italien qui depuis le soutien moralement dans ses projets.

« Mais très vite j’ai voulu faire évoluer le produit en le customisant ». Il est à fond dans le upcycling. Le résultat est bluffant et surtout tout est mixte, unisexe : « j’aime les femmes qui s’habillent avec des vêtements d’hommes ». Il utilise exclusivement des bleus de travail français : vestes, pantalons, salopettes, combinaisons, blouses, si certains sont d’un bleu encore presque immaculé, d’autres sont délavés, usés par le temps par le labeur accomplis des ouvriers.

Et c’est là que la main et la créativité de Martin interviennent : six heures pas moins sont nécessaires pour la métamorphose. Il va peindre aux pochoirs avec de la peinture blanche des motifs inspirés par Matisse, ou poser des rayures verticales selon son imagination (compter 200 euros pour une veste, 150 euros le pantalon).
Les vieux Jeans ? Il les recycle à sa manière, les coupe et joue du patchwork à fond et en guise de ceinture il glisse un cordage de bateau (130 euros). La mer c’est son inspiration première … 24 ans qu’elle le berce tous les jours !


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