Tony Oller

Écrit par sur 11 juin 2020

DU HUBLOT D’UNE CUISINE AUX VOILES DE SAINT TROPEZ !

Premier contact au téléphone : « Ahhh oui, on m’a dit que vous alliez appeler ! 10h demain à la Nautique, ça vous va ?» Le sourire dans la voix est très net, voila au moins qui est ultra simple !

« Réservé aux membres uniquement», c’est l’enseigne sur la porte…

Bon, j’ose quand même rentrer : après tout j’ai rendez-vous avec le directeur de la Société Nautique de Saint Tropez ; l’une des plus anciennes du monde et fréquentée dès ses débuts par Guy de Maupassant et Paul Signac, ai-je lu la veille sur le net !

Tony m’accueille effectivement avec un grand sourire : « Vous voulez un café ?» propose t-il tout de suite derrière le bar du club.

« Vous fumez ?»
« Non !»
« Ah merde !» le cri du cœur de Tony !

Il échange encore quelques minutes avec un ami, un collègue, un membre ? Je ne sais pas très bien…
Ça parle gel coat, trappe, charnière… Bref, une marche de son bateau est trop haute !

La solution a peu près trouvée, on s’installe dans des fauteuils confortables, à l’intérieur : malgré mon insistance, Tony ne veut pas m’imposer sa cigarette.

« Et non, je ne suis pas natif de Saint Tropez : je suis né à Avignon !» Oui.. Enfin… Je vais découvrir que c’est tout comme !

Son papa a un entretien d’embauche en octobre 1975 avec le Maire de Saint Tropez de l’époque.
Celui-ci souhaite créer une Police Municipale. C’est l’hiver, trois vieux joueurs de boules sur la Place des Lices, le mistral souffle, tout est fermé…

La future maman qui a été bien malade dans les virages sur la route ­elle est enceinte de Tony et ils sont passé par La Garde Freinet ! ­déteste ; elle ne se voit pas du tout vivre dans ce village paumé !

«Acceptez au moins ce poste jusqu’au début de la saison. Les gens paieraient pour venir ici !» dit Mr le Maire qui essaye de convaincre son futur policier.
C’est accepté a reculons…

Maman accouche en mai à Avignon ­c’est son deuxième et elle est suivie dans la cité des Papes ­ et revient avec le petit Tony qui a quelques jours.

Ah ! Oui, vu comme ça, il n’est effectivement pas natif de Saint Tropez ! Merci pour la précision Tony.

Le village devient plus accueillant aux premières chaleurs du printemps 1976, la saison commence et puis… Et puis, le magnétisme de Saint Tropez opère… et puis… maman travaillera pendant 30 ans comme infirmière de nuit à la maison de retraite de Saint Tropez !

Tony me parle avec émotion de ce micro­climat passé le virage du Treizain, de cette électricité si spéciale dans l’air et au final : de son impossibilité à partir de son village, malgré
plusieurs opportunités professionnelles. « Toi, si tu ne vois pas ton clocher, tu n’es pas bien !» lui dit sa femme.

Évidemment, je lui pose beau­ coup de questions autour de ses fonctions à la Nautique pour essayer de comprendre ce qu’est ce gros bateau SNST, qui organise une quinzaine d’événements par an, dont Les Voiles bien sûr. Je lui explique avoir pensé qu’il y aurait un rapport avec le placement des bateaux dans le Port de Saint-Tropez !

« Ah ! Non ! J’aimerais bien !» me dit-il dans un éclat de rire ! Et oui : la Société Nautique est constituée en association à but non lucratif et a besoin de ses adhérents et de partenaires financiers.

Et puis, quand je lui demande en quoi ça consiste exactement l’organisation d’un événement, là, Tony craque et me propose gentiment de m’em­mener dans son bureau pour pouvoir enfin fumer sa cigarette !

Il s’excuse au passage du bazar qui règne sur son bureau. Bazar ? trois jolies petites piles au carré ?

Nous n’avons pas tout a fait les mêmes notions du bazar ! Il m’explique alors, que la Nautique est parfois à la base des événements qu’elle organise mais aussi, qu’on s’adresse régulièrement à eux pour qu’un événement ait lieu à Saint Tropez.

Soucieux du bien publique ­il a travaillé six ans aux Affaires Maritimes et Portuaires de la Mairie. Il me précise bien que ces événements ne coûtent rien aux Tropéziens et bien sûr participe de l’aura internationale de Saint-Tropez.

On revient sur son enfance et notamment son parcours sportif dans le volley :

« Ah ! Oui ! Vous faisiez du volley au Club de Loisirs des Jeunes de la Ponche ?»

« Ah non ! À Saint Tropez, il y a eu un club qui est resté 13 ans en équipe nationale !» Éclats de rires communs. Heureusement que Tony n’est pas du genre à se vexer !

D’une digression à l’autre, j’apprends que : jeune homme, il faisait les cafés dans la cuisine de l’Escale, d’où il arrivait à capter la folle ambiance grâce au petit hublot de la porte ; qu’il a tenu un restaurant à La Citadelle ; que tout en étant pompier volontaire pendant 17 ans, il a dirigé une entreprise de chauffeurs de limousines allant jusqu’à douze salariés, une autre de taxi maritime, tout cela en étant président bénévole de la Nautique et…et…et… qu’il a voulu ralentir pour voir grandir sa fille !

L’idée naît de créer un poste de directeur à la Nautique pour alléger la fonction de Président :

14 candidatures et celle de Tony ! Comme les autres candidats, il est passé « à la moulinette » par la commission et c’est lui qui est choisi !

Je finis notre entretien sur les préoccupations écologiques de notre époque : comment concilier plaisance et préservation de la planète ?

« Moi, je ne suis pas du tout écolo ! »

Ah ? Oui.. enfin.. il me parle quand même de leur partenariat avec la Communauté de Communes pour sensi­biliser les jeunes autour de la mer ; de leurs efforts pendant Les Voiles pour limiter les objets jetables et le plastique ; de son demi-tour en bateau pour sauver une tortue de mer qui grignotait un sac plastique en le confondant avec une méduse ; de ses précautions quand il fait de la mécanique sur son bateau : il utilise les carrés absorbants mis à disposition par la Capitainerie afin que les hydro­carbures ne filent pas en mer ; de son souhait de voir évoluer les techniques de mouillage par l’installation de bouées, afin de ne plus avoir à jeter l’encre sur la posidonie, véritable nurserie des poissons et…et…et…

« Mais alors, vous êtes écolo ?»

« Non, je suis écoresponsable» Subtile précision encore ! Ok Tony ! Autant pour moi ! Soyons précis !

Car précis, il faut sans doute l’être quand on gère des événements qui accueille jusqu’à 300 bateaux, 4000 marins et 180 bénévoles.

Tony me raccompagne alors jusqu’à la porte de cet agréable Club Nautique, la bise n’est pas encore de mise par ces temps de distanciation sociale mais aurait été évidente autrement.

Je le retrouverai par hasard, quelques heures plus tard, toujours souriant, attablé seul au Pier 31…

« C’est ma cantine ! » me lance t il de loin !

Vous avez dit « Pier 31 » ? Celui qui redevient Le Voilier, avec à sa tête notre équipe de 3 mousquetaires ? Oui celui là même !

Qui a dit que c’était le bazar à Saint Tropez ? Tout y est finalement très bien organisé ; souriant, précis et organisé : à l’image du nouveau directeur de la Société Nautique !


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