Olivier Fuchs

Écrit par sur 27 janvier 2021

Un nostalgique qui va de l’avant,

18h10 : l’heure à laquelle je décide de me présenter à notre rendez-vous !

Des trombes d’eau dévalent la rue de La Citadelle, et si Olivier est en retard, je ne saurai pas où aller me réfugier: la saison n’ayant pas encore tout a fait commencé, les établissements autour sont encore tous fermés.

« Je suis venu pour vous ! Avec ce temps, ça ne servait pas à grand chose que j’ouvre ! »

Mince, désolée pour le retard ! Olivier est donc un homme à l’heure, sans doute grâce à son fidèle destrier : son scooter !

Il est aussi un homme qui s’informe : je le retrouve dans sa Cave, au milieu de belles bouteilles et autres cartons, assis, le nez dans son journal :

« Attendez s’il vous plaît, je cherche juste une information ! »

Ok Olivier ! L’information vérifiée, nous commençons.

Issu d’une famille emblématique de St Tropez, Olivier Fuchs fait des études de kinésithérapie. Ses grands-parents possédaient un bar tabac, au-dessus duquel ses parents avaient créé un restaurant « à la bonne franquette » : un restaurant dans la salle à manger familiale !

Philippe Tallien, l’Architecte de St Tropez de l’après guerre, dessine à Mme Fuchs, excellente cuisinière, « une roulante » et l’histoire commence.

« Une roulante ? »

« Oui, une table roulante sur laquelle était posée la marmite ! »

Le monde entier finit par s’y presser et se fait une joie de grimper l’escalier escarpé, pour déguster une divine cuisine provençale ! J’en sais quelque chose : petite fille, j’y ai eu, mes premiers coups de foudre gustatifs !!

Tout le monde s’y côtoie : la star internationale dîne à côté du pêcheur tropézien ; ce qui fait évidement la magie de ce lieu et son succès !

Olivier qui n’exercera jamais finalement son métier de kiné, y sert ; crée la première vraie cave à cigares de Saint-Tropez et passionné par l’œnologie, développe la carte des vins.

L’hiver, il part à la découverte des domaines viticoles et ramènent quelques précieuses trouvailles.

Aujourd’hui, cet ancien magasin de bonbons qui lui a d’abord servi de réserve, est devenu une Cave sympathique, un repaire pour les copains et surtout, une caverne d’Ali Baba pour tous les restaurateurs du pays.

Car son principal métier à présent, c’est la distribution auprès de ses anciens confrères restaurateurs, dont il comprend forcément parfaitement les attentes.

Dans sa cave, on y trouve les choix de raison : « Pour les buveurs d’étiquettes ! » ; quelques incontournables de cette belle région viticole, et puis… les choix de cœur, qui peuvent aussi être de grandes étiquettes d’ailleurs !

Les rencontres avec les vignerons, leur façon de travailler leur terre, l’amitié qui peut se créer : tout cela, Olivier peut en parler des heures et vous donner une irrépressible envie de goûter !

Ah justement : un coup de fil !

Je demande : « Un restaurateur ? »

« Non, un ami caviste de St Tropez !»

Celui-ci a besoin d’être dépanné avec un domaine qui lui manque : là aussi, bonne intelligence et entente règnent
entre ceux qui devraient se concurrencer.

Et de me raconter la dégustation de la veille : un vigneron de Bourgogne venu faire découvrir sa nouvelle cuvée, un ami caviste marseillais en visite, quelques bons produits dégustés…

Qu’est ce que j’aurais aimé être passée là, par hasard !

Ces moments d’échange et de convivialité, il a décidé de les prolonger dans un salon du vin qu’il a créé à Saint-Tropez.

Salon organisé maintenant, avec l’association des commerçants de St Tropez – Esprit Village – et qui a pris de l’ampleur depuis 5 ans : 100 exposants en 2019.

Nous reparlons histoire familiale : du côté maternel, ils sont tropéziens depuis Charles Quint. Son arrière grand-mère avait ouvert la première épicerie à St Tropez, au rez-de-chaussée de la maison familiale du quartier de La Ponche.

La famille est connue pour leur franc parler : « on a toujours dit ce qu’on pensait, ça peut nous faire un peu de tort mais c’est notre marque de fabrique ! »

Et effectivement : tant mieux si il reste des gens à l’identité forte qui représentent ce pays haut en couleurs.

Olivier se sent tout a fait à sa place dans cette lignée familiale qui a laissé tant de bons souvenirs culinaires : hier encore, un couple d’italiens est tombé dans les bras de sa maman, en évoquant les calamars et autres barigoule d’artichauts… 25 ans après !

Il a eu plusieurs propositions professionnelles qui l’auraient éloigné de St Tropez ; pour ouvrir un restaurant à Paris par exemple…

Mais finalement, – et malgré toutes les villes qu’il aime : Lyon par exemple, où il a beaucoup d’amis restaurateurs
– l’attachement à son village l’emporte.

Et puis, les découvertes, il a le temps d’en faire quand la saison est terminée. Partir à la campagne dans le Haut Var, est aussi un secret de longévité, quand le ras le bol en fin de saison, se fait sentir !

Même en revenant de vacances brésiliennes, après avoir découvert la splendide Copacabana, la conclusion reste : Saint-Tropez est le plus beau pays du monde !

« Le sentier du Littoral, le cimetière marin, les Graniers, les Canoubiers, La Moutte, c’est fabuleux !

En fonction de la lumière et du vent, ce ne sont jamais les mêmes couleurs.»

Et puis, évidemment quand le monde entier vient à vous, pourquoi auriez vous envie de partir ?

« Quand j’étais petit, je jouais aux boules avec Henri Salvador, mon grand-père lui, jouait avec Sacha Distel… »

Attaché à ses souvenirs, il me parle de sa vie d’enfant à La Ponche et là, les paroles s’emballent : ses parties de pêche, de ballon, ses baignades interminables, les coquillages pêchés qui deviennent colliers, les pêcheurs que l’on aide à nettoyer les filets, les cabanes et parties de cache cache à La Citadelle, le Club de Loisirs des Jeunes qui permet de nombreuses activités aux jeunes tropéziens – et notamment les premières boums – une course à vélo organisée autour de La Citadelle…

« On vivait dehors, un coup de sifflet lancé de la maison et il fallait remonter déjeuner ! »…

J’ai du mal à l’arrêter et je sais qu’il doit filer chez ses amis pour dîner.

Un autre coup de fil m’a effectivement appris que ce soir, des langoustes seraient flambées avec un Cognac qu’il a méticuleusement choisi.

Tout en remontant la rue de La Citadelle toujours ruisselante, je salive en pensant à ces pâtes aux langoustes.

Je me dis que la prochaine fois, il faudra absolument que je vienne m’asseoir à ce comptoir pour entendre à nouveau les belles histoires d’enfance et les belles histoires de vin… d’Olivier Fuchs


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