Le Lac De Sainte Croix

Situé entre le département du Var et des Alpes de Hautes Provence, le lac de Sainte croix se déploie entre trois beaux villages et le début des saisissantes gorges du Verdon, plus haut canyon d’Europe.

C’est un endroit paradisiaque pour tous les amoureux de la beauté, un endroit plein de charmes et de sérénité.

C’est aussi un site chargé de souvenirs et de nostalgie… Et on peut ressentir, quelques fois, des regards tournés vers le passé qui se remémorent ce qu’il en a coûté pour aujourd’hui observer le scintillement du soleil se refléter contre l’eau azur de cette sereine étendue.

Car comme chaque chose, chaque être ou chaque merveille a son histoire, le lac de Sainte Croix est aussi porteur de la sienne.

Les premières esquisses qui tracèrent l’histoire du quatrième plus grand lac artificiel de France, commencent au début du XXème siècle, sous la présidence au Conseil de Georges Clemenceau alors député du Var.

L’État souhaita dès lors aménager un barrage situé sur la rivière du Verdon afin de permettre un apport en électricité et en eau potable suffisants pour alimenter une bonne partie de la région Alpes-de-Haute-Provence.

En 1908, selon la légende Georges Clémenceau parcourait à dos d’âne la vallée du Verdon en quête d’endroits stratégiques pour y construire son barrage.

La première guerre mondiale stoppa le début des travaux. Durant l’entre deux guerres, lorsque les français pensaient enfin pouvoir reprendre le cours de leur vie, le projet fut confié à l’entreprise Schneider.

La construction du barrage commença en 1926. C’était sans compter la guerre de 39-45 qui retarda une nouvelle fois l’avancée du barrage des travaux.

Ce dernier fut dont achevé seulement en 1947.

Là, au fond de la vallée, celle qui bordait des champs de lavande aux effluves aussi douces qu’un ciel d’été, là où les oliviers abritaient de leur ombre les hommes faisant la sieste, les pieds nus sur la terre chaude.

Là aussi, où l’Hirondelle, la Mésange et le pinson claironnaient ensemble un chant estival ; là enfin, où la vie semblait s’être figée entre ciel et terre pour y laisser une brise calme et sereine voyager entre les habitants, se joua la lutte du progrès en marche face à la tradition ancestrale.

C’est dans cette vallée que les villages de Bauduen, Saint Croix et Les Salles sur Verdon furent amenés à vivre une histoire qui marquera les esprits à tout jamais et laissera un bleu indélébile à l’âme de certains.

Le barrage terminé, il fallait dénuder la vallée pour ensuite la remplir d’eau jusqu’à la côte 500.

Terres agricoles, maisons et habitants devaient céder place. Le futur lac deviendrait le plus grand de France, ainsi était le but d’EDF, objectif difficile mais qui en valait la peine.

On peut imaginer la détresse des villageois quand ils apprirent que leurs maisons, champs, cimetières… seraient englouties par les eaux.

Sallois, Bauduennois ou Saint Cruxiens, souhaitaient lutter pour protéger leur patrimoine. Ainsi Dès 1962, un premier syndicat naquît afin de défendre leurs droits et leurs terres.

Les premiers enquêteurs se retrouvèrent à faire le pied de grue devant les portes de chaque habitant qui refusait de discuter.

En 1968 EDF remit enfin en question la hauteur du barrage qui risquait de noyer trois villages et d’engendrer un problème de siphon avec la résurgence de la fontaine l’Evêque.

Après de savants calculs, l’entreprise décida finalement d’abaisser le niveau d’eau. Celui-ci devait s’arrêter à la côte 500, il serait finalement arrêté à la côte 482. Grâce à cette modification les villages de Bauduen et Saint Croix allaient être sauvés.

Les villageois ne furent plus en proie à la tension de devoir déménager, d’avoir à changer de vie radicalement. Un soulagement commun apparu et les premiers sourires depuis ces dernières années fleurirent à nouveau sur les visages.

Le dernier village, Les Salles-sur-Verdon restait dans la ligne de mire du lac, l’eau n’étant pas assez basse pour l’épargner.

Le combat continua face au schéma du lac qui se dessinait dans les coulisses de la grande entreprise. Le village était destiné à disparaître, ainsi en avait décidé l’État. Les bienfaits qu’apporteraient le barrage étaient jugés primordiaux.

En 1970, EDF prévoyait de reconstruire le village condamné sur le plateau de Bocouenne, et certains habitants acceptèrent cet arrangement, épuisés de lutter en vain.

Ils permirent donc aux enquêteurs d’entrer dans le village et préparer leurs plans d’expropriation concertés. C’était sans compter le refus de l’autre moitié des habitants…

Un autre syndicat composé des derniers récalcitrants vit le jour, brièvement, pour mener un dernier round d’honneur face à l’avancée désormais inéluctable du projet. En mars 1970 les travaux du nouveau village débutèrent.

Le 5 septembre 1972 les cloches de l’église furent transférées au nouveau village. Un an plus tard l’eau commença à se répandre sur la vallée, couvrant les terres des Salles-sur-Verdon.

Finalement, un musée appelé « La maison du Lac » a été construit avec la participation d’EDF, aux Salles-sur-Verdon « nouvelle génération », racontant l’histoire du lac de Sainte Croix et de ses habitants.

Les douleurs anciennes se sont depuis apaisées et chacun désormais peut s’émerveiller devant ce site à l’histoire tumultueuse. Le lac de Sainte Croix offre aujourd’hui aux promeneurs ainsi qu’à ses habitants, un cadre idéal pour les activités de plein air (randonnées pédestres ou à vélos) et les loisirs de l’eau (baignade, canoë, Kayak, pédalo, aviron, bateau à voile ou à moteur électrique).

Les promenades le long du lac ou sur les versants du Parc Naturel Régional du Verdon sont multiples, sportives ou familiales. Les villages médiévaux voisins comme Riez, Bauduen, Moustiers, parfumés et chaleureux, riches d’artisanats, sont aussi à découvrir sans hésiter.

Aux alentours, les gorges du Verdon, citées plus haut, offrent un paysage à couper le souffle, magique, ne souffrant pas de la comparaison avec d’autres grands canyons bien plus célèbres.

Et puis il y a les gorges de Baudirac, des grottes paléolithique un peu partout, le musée préhistorique de Quinson, les cascades de Sillans et son village perché, sans oublier les célèbres et immenses champs de lavande du plateau de Valensole qui surplombent cette magnifique vallée au passé authentique.